Ca va ?
30 mai
Bonne question…souvent quand on me demande j’inverse de suite la question ou je réponds « ça ira ». C’est dur de répondre car ça peut aller comme 10 minutes après moins. Il y a des petits hauts et des grands bas, le but c’est la recherche de l’équilibre entre les deux, s’il existe pour des paranges.
D’un côté, quand ça va pas, c’est dur, pour soi, pour nous deux et pour les autres. On a pas envie que ça dur trop, même si c’est nécessaire de vivre les moments où ça ne va pas, de les laisser venir. Tout est nécessaire en fait. On se rend compte que tout est important : parler, le silence, sourire, pleurer, rire, dormir, manger, crier, danser, encore pleurer, encore parler, se reposer…Puis d’un autre côté quand ça va, on s’en veut, on culpabilise, on se sent cruel et insensible, sans coeur, un vrai robot. Effectivement il y a des phases de robot où on fait tout de manière mécanique. Aller mieux c’est comme une soirée d’ivresse, on sait que le lendemain il y a gueule de bois. Aller mieux c’est attendre le double contre-coup. Mais aller mieux c’est aussi, aller mieux. On sait qu’on ira jamais aussi bien qu’avant, qu’avant le drame, avant le 26 mars 2018. Mais on peut aller mieux, car on est comme ça. On aime la vie, malgré tout. On aime être les parents de Léo pour le meilleur et pour le pire et on aime l’avenir, notre avenir.
L’avenir aide à aller bien, mieux. Se projeter, avancer, se donner des buts. Même des petits buts, à court terme. Il y a deux mois, on ne savait pas quoi faire l’heure d’après, le week-end d’après. C’était l’inconnu. Aujourd’hui on arrive à voir un peu plus loin. Et ça aussi ça fait du bien.
J’ai très rapidement demandé à la gentille psychologue qui nous a suivi dès notre arrivée à l’hôpital ce fameux lundi noir, « comment gérer le contre-coup ? ». Elle m’a répondu qu’il n’y en aurait pas forcément qu’un gros, mais plusieurs de tailles différentes. Et que même si c’était difficile à entendre et comprendre quelques heures après le décès de Léo « aucune journée ne sera pire que celle du 26 mars 2018″. Et elle a raison. J’arrive à trouver des journées belles. Non je ne suis pas dans la fuite, non je ne suis pas dans le déni, oui j’ai des contre-coups. Mais j’y arrive car Léo m’apporte cela même sans être là, physiquement. Léo s’était et s’est un petit bout de paradis à lui tout seul, une personnalité si forte avec ses 4,5 mois seulement, un bonheur à 10 doigts, un sourire et des fossettes à croquer, des yeux pétillants et un rire communicatif. Léo, le rigolo, le paisible, a rendu chacune des journées vécue à ses côtés, belle et il n’y a pas de raison que ça change. Ça serait trop triste pour un petit garçon rayonnant de bonheur et de bienveillance.
Alors oui, avec tout ce qu’on vit, tout ce qu’on a vécu, et tout ce chemin encore à parcourir, ça va. On est solide, car on est ainsi et car notre petit homme est solide aussi et on veille sur nous trois, nous trois. Un bonheur pur, si pur qu’il persiste à jamais.
Mon amour de petit coeur, je me réveillerai chaque matin avec le sourire car la vie est à jamais belle grâce à toi. Mon fils, toi qui allait toujours bien, nous aussi on ira bien. On t’aime.

Léo, ce merveilleux bonheur, 25/03/2018
Photo Charles Pestana.
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Une journée de bonheur pur au souvenir impérissable…merci Léo et ses parents formidables…