Vac’ange

25 août

C’est long 3 semaines sans t’écrire, sans coucher sur papier ce que je ressens. Ça m’a manqué de ne pas écrire pour toi mon Ptit Mec.

Tu as dû voir du haut de ton nuage à quel point ces vacances étaient aussi difficiles que bénéfiques. Aussi douces que dures. En Janvier dernier, chez Tata Sophie, on avait réservé nos billets, Papa, toi et moi. On était si excités de t’imaginer du haut de tes 9 mois, en petit body manches courtes et casquette américaine sur les plages de l’Île de ton Papa.

Que c’était tortueux de prendre l’avion sans toi, de vérifier auprès des hôtesses de l’air qu’elles n’amèneront pas de petite ceinture pour toi. De voir tous ces couples de voyageurs épanouis avec leurs bébés. Il n’y a jamais autant eu de bébés sur terre que depuis que tu l’as quitté. Beaucoup de moments difficiles, de claques dans la tronche qui font mal, de rappel à l’ordre de la réalité, Léo n’est plus là. Physiquement.

Me retrouver face à une jolie photo de toi encadrée chez Mamie Gracinda, croiser ton potentiel futur double, un petit brun aux cheveux légèrement bouclés avec de grands yeux marrons foncés qui nous envoyait des bisous avec la main, assister aux touchantes retrouvailles de Tonton Alfredo et de ton cousin Dario, toi tu ne le rencontreras jamais, m’effondrer en croisant un bébé ayant le même lange blanc et bleu que toi, chanter « Mister Sandman » avec ton Papa dans la voiture, votre belle et touchante chanson, me retrouver incapable d’aller saluer un couple d’amis avec leurs jumeaux, pourtant ni bruns, ni de ton âge, t’imaginer partout avec nous sans t’apercevoir, entendre une hôtesse demander à un jeune couple « comment il s’appelle le Petit Bout ? » (p***** ça aurait dû être nous). Cette même hôtesse, d’ailleurs, en me voyant serrer tes doudous contre moi, m’a dit « je n’avais pas vu qu’on avait deux passagers clandestins ». Cela m’a fait sourire car c’est te faire vivre, quelque part, de parler de tes doudous avec une inconnue mais cela m’a encore plus déchiré le coeur. Tu aurais dû être là. Une douce maladresse sans le savoir pour cette gentille hôtesse qui ne connait rien de ma vie. Les maladresses, on a commencé à en entendre. Je préfère ne relever que les gentilles attentions envers toi, Léo, envers nous et nos familles, qui me touchent, plutôt que les maladresses qui ne m’atteignent (presque) pas.

Léo, pour être honnête ça ne va pas, c’est trop dur sans toi. Mais on tiendra notre promesse. Ça ira, jamais parfaitement mais autrement. Comme dit ton Papa, ton décès « c’est la pire chose jamais vécue ». Une épreuve de chaque instant. Et ces vacances étaient aussi une grosse étape dans notre malheur.

Pour autant, on a passé, aussi, un bon moment. Nous avions besoin de souffler. D’aller dans un endroit où l’on se sent « normal ». Où l’on ne se sent pas que parents endeuillés. Voir de belles choses avec de belles personnes. Car on était bien entourés. Tu as dû nous entendre bien rire de la haut. Tu étais constamment avec nous. Même si, comme le disait notre copine Biquette « on ressent physiquement son absence », on te sentait paradoxalement partout avec nous. Dans l’avion, la voiture, sur la plage, dans les montagnes, au restaurant et le soir pour t’endormir avec nous.

Survire à ton absence c’est une double fatigue : physique et psychologique, consciente et inconsciente. 3 semaines de vacances ne suffisent pas. Je pourrais dormir des jours et des semaines. Dormir et rêver. Je n’avais pas rêvé de toi depuis ton envol. Jusqu’à ce petit moment de repos dans l’avion du retour. Je te changeais et je voulais te choisir une belle tenue, comme pendant ces 4,5 mois. J’aimais tellement m’occuper de toi, c’était la chose la plus chouette et utile du monde. J’étais et je suis Maman.

C’est bon de rentrer aussi, de retrouver la réalité. Elle fait mal mais c’est notre quotidien, on la vit en tant que parents. C’est notre rôle. Accueillir et vivre la réalité, c’est ne pas être dans le dangereux déni. Je me sens peut-être mieux dans notre quotidien, c’est moins culpabilisant que d’être en vacances lorsqu’on a perdu son enfant.

Elles étaient ensoleillées ces vacances mais avec un goût amer. D’ailleurs, peut-on appeler cela des vacances ?

Je t’aime mon Fils, tu me manques terriblement, partout où je suis.

Madère été 2018

Madère été 2018

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