- Léo -

25 jan

Léo,

Il y a des jours comme ça où rien n’y fait et tout fout le camp. Léo, tu es trop haut, tout là-haut, trop loin de nous. Les contre-coups sont comme les moments de joie, ils arrivent sans prévenir et nous surprennent toujours autant. En fin de compte, il n’y a pas vraiment besoin de date particulière, de raison particulière, d’émotion particulière. Ils arrivent et je les accueille. Les uns comme les autres.

Il aura fallu 10 mois, à un jour près, pour que j’exprime de nouveau la douleur de ta perte et le supplice de vivre sans toi. Cela faisait 10 mois que je n’avais pas hurlé de souffrance. J’apprends à accepter un début de lâcher prise. Peut-être que quelque part je refusais cet état car j’avais peur que ça ne t’éloigne un peu de ma vie. Bien au contraire, je me sens encore plus proche de toi. Pour une fois, c’est toi qui m’a enveloppé de tes petits bras potelés quand j’étais en train de serrer fort ta couverture tout contre moi.

La réalité de la vie de parents, orphelins de leur(s) enfant(s). Des petits hauts et des gros bas comme je dis souvent. Parfois, j’aimerais que chaque personne, qui fait preuve de malveillance et de propos largement déplacés, ressente, ne serait-ce que quelques minutes, ce que l’on peut ressentir. Puis finalement, je ne souhaite à personne de vivre cela. La mort n’aura pas eu ça : elle n’aura pas eu ma gentillesse et mon sourire. Au contraire, je lui tends ma main qui lève un seul doigt et je lui montre que je suis même devenue meilleure car je connais la valeur de la vie, sa fragile temporalité et la rage qu’elle peut transmettre.

Te survivre ne veut donc pas dire te laisser partir. Quelque part cela me rassure. Tu seras toujours avec moi, avec nous, dans le porte-bébé que j’ai accroché à mon cœur. Tu ne partiras jamais de notre vie malgré les larmes, malgré les sourires, malgré toutes les couleurs qui passent dans nos vies et dans nos émotions. Te survivre ce n’est ni être faible, ni être fort, c’est être tes parents. Te survivre, c’est vivre pour et avec toi.

Encore un paradoxe de notre quotidien. On s’excuserait presque d’être heureux ou malheureux. De vivre quoi. Alors qu’il faut vivre pour te faire vivre. Certains jours, je m’amuse de notre complicité d’entre deux mondes. Je me dis qu’on doit s’interroger à mon sujet à parler toute seule dans la rue mais j’ai réalisé que quand ça m’arrive, c’est à toi que je parle. Je te raconte absolument tout. Même rien. Tu es tellement présent, là, partout, tout prêt, que quand mon esprit se met sur pause pour prendre conscience de ta bien trop réelle et physique absence, le vide s’associe au néant pour me faire trébucher puis tomber. Mais je me relève toujours. Je me relèverai toujours. Parfois avec de l’aide, parfois sans.

Léo, aujourd’hui c’était dur, demain sans doute un peu moins. D’autres jours, je rigolerai et d’autres, certainement beaucoup d’autres, je pleurerai. Mais tous ces sentiments, aussi difficiles qu’ils peuvent être, font aussi de moi une maman et pas n’importe laquelle, la tienne.

25/03/2018

25/03/2018

Photo Charles Pestana.

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4 Réponses à “- Léo -”

  1. Monique ARTERO 26 janvier 2019 à 11:08 #

    Notre petit Léo s’est envolé il y a 10 mois aujourd’hui…le vide de son absence physique est vertigineux et intolérable …après des mois de choix courageux, de décisions fortes, d’actons multiples et d’initiatives réfléchies et déterminées pour continuer à faire vivre Léo au quotidien, vous, parents si exemplaires, vous avez traversé tant de bouleversements et de traumatismes émotionnels qu’il est temps de penser à vous pour tenir bon tout au long des jours, des mois, des années qui viennent, avec hélas la plus terrible des certitudes : ce sera sans le retour de Léo d’amour…mais parents de Léo pour toujours, vous incarnez ce qu’il est, sa courte vie tendre et magnifique, vous la transmettez, la partagez, vous en êtes les témoins constants et grâce à vous, Léo ne nous quittera jamais…quand vous êtes avec nous, vous êtes trois, à jamais : Léo, votre fils, grâce à tout ce que vous avez entrepris, est resté et restera dans nos coeurs et dans notre vie. On est si fiers d’être ses grands-parents.

    • letoileleo 28 janvier 2019 à 12:42 #

      Un grand merci à la merveilleuse Mamours que tu es.

  2. Claire 26 janvier 2019 à 14:51 #

    Très chère Julie, je suis toujours très émue à la lecture de tes mots. Ils sont si justes, si forts, tellement bien choisis. Je le suis encore plus quand ils expriment comme ici toute ta douleur face au manque de Léo et au vide qu’il a laissé derrière lui.
    Je voulais aussi te dire merci. Merci de partager ton histoire comme tu le fais. Ton regard sur la vie et ta manière de magnifier les petites choses du quotidien sont tellement inspirants. Léo n’aurait pas pu rêver mieux comme maman !
    Je te fais d’énormes bises réconfortantes et mes pensées les plus douces sont aujourd’hui pour Léo.

    • letoileleo 28 janvier 2019 à 12:42 #

      Très chère Claire, ces jolis compliments me vont droit au cœur d’autant que vous avez aussi une très belle plume. Comme vous le dites si bien, c’est notre cocon, notre endroit à nous. Je vous embrasse bien fort et je pense à votre petite Alice dans son joli ciel. Merci.

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