Comme un air de printemps

27 fév

Le soleil réchauffe le cœur, ses rayons traversent notre jolie maison et le ciel est d’un bleu étincelant. Difficile de croire qu’il y a un an, je partais en voyage professionnel en Italie où il faisait plutôt très froid. Je me rappelle avoir vu les Alpes enneigées de mon hublot. Il y a un an je dormais pour la première fois sans Léo à mes côtés. Première nuit loin de lui, malheureusement pas la dernière. Je lui avais ramené un gros avion en peluche aux couleurs de la compagnie aérienne italienne. Qu’est-ce qu’il a pu jouer avec cette peluche. Il mettait son petit bout de nez contre le nez de l’avion en éclatant de rire. Peut-être parce que l’avion était presque aussi gros que lui, peut-être parce qu’il me voyait rire aussi, peut-être parce qu’il se demandait pourquoi il n’avait pas un ours en peluche comme tous les bébés mais un gros porteur à la place ou peut-être parce que je faisais l’avion avec l’avion. J’étais partie détendue car je savais que mon Carlito gérait tout autant que moi ce petit bonhomme de 3,5 mois à l’époque. Mais qu’est-ce qu’il m’avait manqué ! Au retour, j’avais été retardée à l’aéroport de Venise et j’étais dépitée à l’idée de rentrer chez moi sans voir mon Fils réveillé. Mais à mon plus grand bonheur, Léo était en train de jacasser avec son Papa quand je suis rentrée et j’avais pu lui donner son dernier biberon avant la nuit. C’était trop long 48h sans lui. Beaucoup trop.

Ces journées, au goût de printemps anticipé, me rappellent les premières journées similaires, un an plus tôt. Elles n’étaient pas en février mais fin mars. J’étais si heureuse de pouvoir enfin sortir mon Bébé à la vue de tous, sans sa trop chaude combinaison pilote en comparaison avec les douces températures, pour lui faire découvrir l’herbe et le doux parfum des bourgeons de fleurs. Nous avons eu le droit à un week-end de printemps, un seul, mais tellement parfait. Je ne peux m’empêcher de compter les jours avant le 26 mars et avant les 1 an qui nous séparent. Pour les 1 an de Léo, nous avions réussi à vivre cette journée en fête entourés des gens qu’on aime mais pour les 1 an sans Léo, le goût amer de la douleur risque inévitablement de prendre le dessus. Qu’importe ! On ne lui avait pas dit à la vie, plutôt à la mort, qu’on était plus forts ? Et bien cela sera aussi valable pour le 26 mars. Et si on mélange ces deux chiffres, comme me l’a fait remarquer mon frère, cela dessine le signe de l’infini. Le 26 n’est donc absolument pas une fin en soi mais une infinie de nous. Le 26, comme chaque journée, on sera infiniment malheureux de vivre sans notre enfant mais infiniment heureux d’être ses parents et infiniment reconnaissants de l’avoir connu. Ces sentiments ne nous seront jamais retirés et ils seront présents dans toutes nos pensées, dans toutes nos journées et dans tous mes textes.

C’est l’espoir et la force de tout parent orphelin, être parent malgré tout et contre tout.

Contre la mort, contre les médisances, contre les formulations de la vie « avec ou sans enfant ? », contre la douleur, contre la tristesse, contre la mélancolie, contre les autres, contre les responsables, contre les irresponsables, contre ceux qui compteront nos enfants qu’à partir du second, contre ceux qui comparent notre malheur à tout et rien en même temps, contre ceux qui ne voient pas qu’on est aussi heureux, contre la vie qui n’a pas été de notre côté ce jour-là.

Tout comme la vie, la nôtre est composée de différentes saisons, de différentes couleurs, de différentes saveurs et de différentes senteurs. Le printemps ne représente que deux journées dans la vie de Léo mais il restera à jamais la saison de Léo qui, à son image, est doux, bienveillant, tendre, coloré, ensoleillé, paisible et chantant. Chaque papillon croisé dans les airs, chaque abeille qui butine, chaque courant d’air chaud, chaque brin d’herbe verdoyant, chaque trèfle à quatre feuilles, chaque rayon de soleil, chaque senteur fraîche humée, est Léo.

Comme un air de printemps, comme une année presque écoulée, comme une mélodie qui résonne dans ma tête.

« Mes chers parents, je pars.
Je vous aime, mais je pars.
Vous n’aurez plus d’enfant, ce soir.
Je n’m'enfuis pas. Je vole.
Comprenez bien, je vole.
Sans fumée, sans alcool,
Je vole. Je vole ».

(Extrait de la chanson de Michel Sardou « Je vole »).

Article Comme un air de printemps

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Une réponse à “Comme un air de printemps”

  1. Mamours/Monique 3 mars 2019 à 14:22 #

    Je longe le muret de ton petit jardin
    Et je te donne la main
    J’emprunte lentement le bout du chemin
    Et je te donne la main
    Je passe dans la sente cachée qui le rejoint
    Et je te donne la main
    Chaque jour apporte un nouveau matin
    Et tu me donnes la main
    Je pousse le portail blanc au bout de l’allée
    Et dans ma main ta main
    Léo, aussi haut que je pourrai regarder
    Je saurai te trouver

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