L’Infini
26 mar
« Mais je ne comprends pas, Léo n’était pas un Papi », voici ce que répondra Liam à ses parents suite au décès de son petit cousin qui, dans un calendrier noir, arrive après celui de son grand-père. Lorsqu’on est dans l’apprentissage de l’existence avec un enfant, on essaie au maximum de lui donner du sens. Il apparaît, cependant, difficile d’en apporter quand on évoque la mort. Alors on va plutôt parler de l’ordre des choses, du cycle de la vie. Le décès de Léo n’a absolument aucun sens car le cycle a été pris à l’envers. Il n’y a donc aucune logique pour un enfant à en voir un autre s’en aller pour toujours. Pour nous non plus.
C’est pourquoi, nous essayons, depuis un an, de donner du sens au reste de notre vie.
Cela fait 365 jours. 12 mois. 8760 heures. 525600 secondes que nous avons perdu Léo. Autant de temps qui nous sépare de notre Fils, qui sépare un Papa et une Maman de leur Bébé. Qui sépare un Charles et une Julie de leur Léo. Physiquement. On nous a récemment dit qu’on était des survivants et je confirme. Cela va de l’ordre de la survie de vivre sans son enfant.
Il y a un an, nous vivions les derniers instants auprès de notre Fils. Avant qu’un coup de téléphone fasse tout basculer. J’ai su dès les premières secondes où j’ai répondu à l’appel de Charles que le pire était arrivé. Pourtant je n’avais aucune information. J’ai réalisé, plus tard, qu’il en avait eu sûrement plus mais qu’il avait voulu me préserver durant le trajet qui m’a paru une éternité, celui de mon lieu de travail vers le domicile de l’assistante maternelle. Celui de la vie vers la mort, du bonheur vers le néant. Je savais. Je me rappelle avoir demandé au chauffeur d’aller vite tout en lui précisant ne pas vouloir d’accident. J’ai écouté le message qu’elle m’avait laissé sur mon répondeur une fois dans le taxi. C’était la seule et unique fois où mon cerveau a été capable de l’écouter. Je n’avais toujours pas plus d’informations, la torture était déjà là. Je savais.
Cet article est à l’image de cette journée du 26 mars, je ne trouve ni les mots, ni l’intérêt. Je sais juste qu’il faut passer par là. Qu’une nouvelle année commencera demain au lieu du 1er janvier. Je sais que ça n’effacera ni la douleur, ni le drame, ni le manque mais je sais aussi que l’idée d’avoir passé toutes les premières fois sans Léo nous apaise. Un peu. Et je sais aussi qu’il nous comprend.
Je me retrouve comme un an auparavant, anesthésiée, sidérée, en état de choc sans aucune branche à laquelle me rattraper. Car s’ajoute à la journée du 26 mars, qui est une horreur absolue à elle seule, aux jours précédents, à ce maudit décompte, le fait que contrairement à tous les 13 novembre – où je m’accroche à l’envie de pouvoir fêter Léo, de pouvoir me remémorer les souvenirs magiques de sa naissance, de sa vie, d’aimer l’idée de nous voir Charles, nos amis et moi réunis dans notre salon à gonfler les ballons à l’hélium, de pouvoir décorer aux couleurs de Léo son Petit Jardin et le lieu de réception – tous les 26 mars seront, quant à eux, sans couleurs, sans ballons, sans rires, sans joyeux souvenirs. Je m’épuise à trouver de belles choses partout mais c’est peut-être ça ma limite : la journée du 26 mars. Il n’y a pas de belles choses qui peuvent ressortir de la plus longue, de la plus épouvantable journée de notre vie. Alors avec le peu de force qu’il me reste avant le souffle de cette nouvelle année, je me dis que cette journée a marqué le début du reste de notre vie. Une vie sans fin.
Il n’y aura jamais de fin à l’amour inconditionnel pour Léo, à l’amour éternel entre nous trois, à l’amour tout court. Il n’y aura jamais de fin à notre rôle de parents, à notre famille. Il n’y aura jamais de fin avec Léo. L’infini amour de parents nous donne l’envie, ce jour de jardiner au Petit Jardin de Léo comme pour marquer un renouveau, un nouvel élan, un élan de force et de sentiments.
Nous ne faisons qu’UN sans jamais que ça soit FINI. Nous trois, c’est même plus que pour la vie, c’est pour l’infini.
« La mort, c’est l’élargissement dans l’infini » (Victor Hugo).
Merci à Flo pour cette belle image de l’infini : 2 + 6, qui nous fait voir ce nombre sous un autre angle.
Merci à Théo d’être né un 26 car grâce à toi, on trouve un peu de sourires dans toutes ces futures journées.
Léo, Charles & Julie, à l’Infini.
A l’infini dans vos cœurs et dans le notre ce petit Léo magnifique.
L’infini, c’est aussi la pensée d’être unis à jamais…cette courte phrase lue dans un des nombreux commentaires résonne en moi comme une toute petite note de réconfort certes dérisoire…Léo et ses parents chéris, pour toujours réunis et rien ne les séparera…l’absence est une insoutenable souffrance mais quelque part, se dire que rien, ni personne ne viendra séparer ces 3 là, jamais, que nos Carlielé resteront liés quoi qu’il arrive. Ce qui unit Julie, Charles et Léo va au-delà des mots : ils sont 1 et 3, ce qui fait 13, nombre magique du jour de l’arrivée de Léo. Nos Carlielé, vous êtes un exemple, une référence et pour nous qui vous aimons tant, vous inspirez la vie qui nous attend…