Madame C
9 avr
Vous êtes un peu de celles et ceux qui s’incrustent à une soirée alors que vous n’avez pas été invitée ou de celles et ceux qui donnent leur avis alors que l’on ne vous a rien demandé.
Vous êtes arrivée dans notre vie au moment où nous affrontions la mort, celle de notre fils ainé. Depuis, vous êtes toujours là, parfois en retrait, parfois bien vive.
Vous êtes nettement plus présente lorsque vous constituez un duo machiavélique avec la fatigue.
Concrètement,
- Vous entretenez des comportements post-traumatiques comme le fait de ne pas supporter être loin de mon fils cadet à cause de l’impuissance totale dans laquelle vous me replongez, sans cesse, depuis le jour du décès de mon ainé et ce trajet en taxi qui m’amenait pieds et poings liés vers un cauchemar éveillé. Comme, parfois, aussi, quand je prends une douche et que la buée sur la paroi m’empêche de voir distinctement la respiration de mon fils sur la caméra. Ou bien, comme quand je le couche et que les derniers mots n’ont pas été que je l’aime. Je suis donc, selon vous, condamnée à vivre dans la peur et dans la précipitation sans même pouvoir profiter pleinement des instants magiques dont regorge ma vie ? Et bien, non !
- Vous induisez un devoir de réparation entre mes deux fils alors qu’il est absolument hors de question qu’une quelconque responsabilité ou compensation leur soit imputés.
- Vous sous-entendez que la naissance de mon cadet doit effacer le drame de la perte de son grand frère alors qu’aucun de mes deux enfants ne doit porter le poids de mon malheur ou être l’unique source de mon bonheur.
- Vous m’accusez d’être une mauvaise mère quand je dois, comme tous parents, dessiner un cadre à mon fils alors que cela fait non seulement partie de l’éducation mais ne change en rien tout l’amour que je lui porte.
- Vous insinuez que la vie n’est que malheur ou que bonheur, alors que la vie est souvent un mélange des deux. Et puis, c’est à moi seule de décider quelle part prédominera sur l’autre. Dommage pour vous, j’ai choisi le bonheur et j’accepte de vivre avec les moments les plus sombres liés à mon malheur.
Je refuse que vous accompagniez le reste de ma vie mais aussi celle de mes fils et de mon mari. Je refuse de vous voir sournoisement apparaître à tous moments. Je refuse de vous voir tout court.
Alors aujourd’hui, jour des onze mois de mon arc-en-ciel, je vous claque la porte au nez, « je vous mets dehors », comme me le dit mon grand frère, et toutes les personnes qui liront ce texte en seront témoin.
Au revoir Madame Culpabilité.
Copyright (c) 2021 L’Etoile Léo. Tous droits réservés.
Oh ! Je n’avais pas réalisé que Lohan avait le même âge que mon fils
C’est une excellente chose que de se débarrasser de la culpabilité… je n’en suis pas encore là, mais j’espère y arriver un jour. Douces pensées à ton petit astronaute, et à ton arc-en-ciel
Merci infiniment
Douces pensées pour toute votre famille.
Cela demande une sacrée force de se débarrasser de cette encombrante Culpabilité. Bravo à toi!
Merci beaucoup
C’est pas toujours gagné mais l’envie est là !